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Gallo-Roman necropolis, Inrap, nécropole gallo-romaine, Saintes
PARIS – De septembre à novembre 2014, une équipe d’archéologues de l’Inrap a mené, sur prescription de l’État (Drac Poitou-Charentes), une fouille préventive sur un terrain de 613 m2, dans le cadre de la construction d’une maison individuelle dans le quartier ouest de Saintes. Une première campagne de fouille réalisée en 2013 sur une parcelle contigüe avait mis en évidence la vocation funéraire de cet espace au cours de l’Antiquité. L’opération de cette année a permis la découverte d’une centaine de sépultures.
Une importante nécropole gallo-romaine
Le site fouillé est situé à 250 m environ à l’ouest de l’amphithéâtre de Saintes. Il semble faire partie d’une importante nécropole gallo-romaine caractérisée par quelques incinérations et de nombreuses sépultures à inhumations.
La fouille a révélé plusieurs sépultures doubles : les individus y sont inhumés tête-bêche dans une longue fosse rectangulaire, semblable à une tranchée, et déposés chacun à l’une des extrémités de ce creusement. Une fosse à inhumations multiple a également été mise au jour les derniers jours de l’opération : de 2 m sur 1,30 m, elle contient cinq individus dont deux enfants et deux jeunes femmes.
Une absence de mobilier funéraire
La quasi-totalité des sépultures fouillées n’a livré aucun mobilier funéraire. La seule exception notable est la sépulture d’un jeune enfant dans laquelle ont été déposés sept vases permettant une attribution chronologique à la seconde moitié du IIe siècle de notre ère. Cette sépulture soignée, complétée par des dépôts et deux monnaies déposées sur les yeux de l’enfant, traduit des pratiques funéraires bien différentes de celles observées sur les autres sépultures à inhumations identifiées sur ce site.
Des individus entravés
Les archéologues ont identifié plusieurs individus entravés parmi les défunts. Quatre sont des adultes (trois hommes et un sujet de sexe indéterminé) portant des entraves de fer. Il s’agit de dispositifs rivetés à chaud sur la cheville gauche pour trois de ces individus. Le quatrième a été inhumé avec un second dispositif d’entrave : un « collier de servitude » ou carcan. Une sépulture d’enfant, au squelette incomplet, portait également une entrave au poignet gauche. Cet objet, de facture plus rudimentaire que les autres, est caractérisé par un élément principal plat et cintré, à la forme irrégulière et dont les extrémités sont rivetées. Un anneau de forme et de section circulaire est également présent.
Si la découverte d’entraves n’est pas inédite, en particulier à Saintes, cette fouille a localisé un regroupement des sépultures de ces individus entravés. Elle livre également un corpus complet et révèle qu’un même individu pouvait être contraint par plusieurs dispositifs. Les archéologues s’interrogent désormais sur le statut de ces individus, leur origine et les conditions de leur décès. Lors des futures recherches en laboratoire, ils chercheront également à déterminer, lors de l’étude anthropologique, si les autres individus inhumés ont pu partager des conditions de vie similaires et appartenir à la même communauté. (INRAP)
Sépulture 2073. Individu masculin inhumé en décubitus, entravé au cou et à la cheville droite. © Frédéric Méténier, Inrap 2014.
Vue d’ensemble de la sépulture multiple 2094, en cours de dégagement. © Frédéric Méténier, Inrap 2014.
PARIS.– From September to November 2014, a team of Inrap archaeologists conducted a rescue excavation, under prescription of the State (Drac Poitou-Charentes), on a 613 m2 parcel in advance of the construction of a single-family home in the western quarter of Saintes. A prior excavation realized in 2013 on a contiguous parcel revealed the funerary vocation of this space during Antiquity. This year’s operation resulted in the discovery of around one hundred burials.
A large Gallo-Roman necropolis
The excavated site is located around 250 m to the west of the Saintes amphitheater. It appears to be part of a large Gallo-Roman necropolis containing a few cremations and numerous burial graves. The excavation revealed several double burials: the individuals were placed next to each other in a « head to tails” position (the head of one next to the feet of the other), in a long, rectangular pit, resembling a trench, with each one deposited at one of the extremities of the pit. A pit with a multiple burial was also uncovered during the last days of the excavation. It measures 2 by 1.3 meters and contains five individuals, including two children and two young women.
An absence of funerary objects
Almost none of the excavated burials contained funerary objects. The only notable exception is that of a young child in which seven vases were deposited, permitting a chronological attribution to the second half of the 2nd century AD. This elaborate burial, competed by two coins placed on the eyes of the child, shows funerary practices that are very different from those observed in the other graves identified at this site.
Shackled individuals
The archaeologists identified several shackled individuals among the deceased. Four of them are adults (three men and a one undetermined specimen) wearing shackles. The shackles were hot riveted onto the left ankle of three of the individuals. The fourth was buried with a different type of shackle, consisting of a slave collar, or carcan. The incomplete skeleton of a child also had a shackle on its left wrist. This object, more rudimentary than the others, is characterized by a flat and curved main piece with an irregular shape and riveted extremities. A ring with a circular shape and section is also present.
Though shackles have been discovered before, particularly in Saintes, this excavation revealed a group of graves containing shackled individuals. It also yielded a complete corpus and showed that a single individual could be constrained with several devices at once. The archaeologists are now investigating the status of these individuals, their origin and the nature of their death. In future laboratory studies involving physical anthropological analyses, they will also attempt to determine if the other inhumed individuals shared similar living conditions and belonged to the same community.
The archaeologists identified several shackled individuals among the deceased. Four of them are adults (three men and a one undetermined specimen) wearing shackles. © Frédéric Méténier, Inrap 2014.